Diémoz sous la Révolution, deuxième partie

Publié le par Sophie BOUDAREL

Après un rappel des origines de la Révolution Française et de la Grande Peur, nous allons cette semaine découvrir la grande peur dans le nord Dauphiné.


Diémoz sous la révolution
deuxième partie

La grande peur dans le nord Dauphiné

Celle qui traversa notre région trouva son origine en Franche Comté et arriva chez nous par le Bugey en descendant vers la vallée du Rhône.

 

La rumeur voulait que des brigands, puis des savoyards ou des sardes attaquaient les villages, incendiaient les gerbiers, empoisonnaient les puits et les fontaines. De ville en ville, la rumeur enflait en se propageant, changeant les origines des brigands, augmentant leur nombre et leurs méfaits. En réalité, il n’y avait personne en dehors de quelques brigandages sans grande conséquence.

 

C’est à partir du 27 et 28 juillet que la rumeur se calma et que l’on su que l’alarme était fausse. C’est alors que les paysans s’en prirent à la noblesse, les accusant d’avoir lancer ces informations et les brigands pour tout détruire. C’est le début de la jacquerie de la grande peur où on vit des troupes entières attaquer, piller, brûler et détruire les châteaux des environs. Un fois le premier moment de fureur populaire passé, les paysans s’attaquèrent directement à leur pire ennemi, les terriers qu’ils pourchassèrent et brûlèrent, se libérant de la tutelle des oppresseurs. Les paysans envahirent les études notariales où étaient conservés les terriers seigneuriaux, se les firent remettre et les détruisirent dans des autodafés qui représentaient pour eux les feux de joie de leur délivrance fiscale et l’affranchissement vis-à-vis de la féodalité.

 

Puis, à partir du début août, ce fut la répression et le retour au calme dans le Nord Isère. Mais la révolution avait fait son œuvre de destruction et de liberté.

Sur cette période, outre l’arrêté de saisie du château de Diémoz, il existe de très nombreux témoignages sur la grande peur et les répressions qui ont suivi. Mon propos n’est pas ici de tous les citer mais de donner quelques exemples dont Diémoz et ses environs.

Le 28 juillet

 

A Diémoz, comme dans tous les villages alentours, l’annonce de l’arrivée des brigands avait terrorisé la population, d’autant plus qu’une des routes rejoignant Vienne passait au pied du village. Puis, ce fut l’attaque des châteaux. Des bandes de paysans parcouraient la campagne à l’assaut des symboles de la féodalité. Les habitants de Diémoz firent, eux aussi, partie de ces bandes de pillards et de brigands.

 

Une première bande attaqua et détruisit le château de Vaulx au matin du 28 juillet. Les meneurs venaient d’Heyrieux et furent dénoncés le 18 août pendant la répression. Il s’agissait des trois frères Ruinet, Olivier ci devant brigadier des fermes, et Garguet, le chef de la bande, reconnaissable aux blessures à la main droite et au visage faites par son pistolet qui avait éclaté. Cette bande attaqua ensuite le château de Sérézin, dont le seigneur reconnu dans le groupe le dénommé Garguet, mais aussi le fils Ferrat d’Heyrieux. Les nommés Barié et Chatain de Diémoz furent reconnu par Pierre Manuel, curé de Saint Quentin. La bande attaqua ensuite le château d’Heyrieux, puis rejoignit une autre bande au château de Moidière.

 

Cette dernière, après avoir essayé en vain d’attaquer le château de Septème, protégé par ses habitants puis par les dragons du roi, attaqua dans la soirée du 28 juillet, le château de Moidière à Menu famille, devenu depuis Bonnefamille. Vers 9 heures du soir, plusieurs paquets de groupes armés arrivèrent devant la bâtisse de monsieur de Guillet de la Platière et décidèrent immédiatement de la brûler. A peine prirent-ils le temps de briser une partie du mobilier, d’enlever des ferrures et du linge que les flammes jaillirent de toutes parts.

 

Les principaux incendiaires étaient Boulud de Diémoz, Nugues d’Artas que l’on retrouvera plus loin, et surtout Rozier, domestique chez Noir, le marchand de chevaux de Diémoz. De taille médiocre, assez maigre, vêtu en paysan et coiffé d’un chapeau aux bords rabattus, ce Rozier aurait été confondu dans la foule, s’il n’avait été ordinairement à cheval; de là son surnom de « Capitaine » et l’espèce de prestige dont il jouissait auprès de la piétaille. Il fut reconnu par Joseph Gandin, fermier du moulin de monsieur de Moidière qui déclara plus tard «… il avait reconnu celui qu’on appelait capitaine et qui était à cheval pour être le domestique du nommé Noir, marchand de chevaux à Diémoz… ».

 

Rozier avait fait ses premières armes, dans l’après midi au château de Chamagnieu. A Moidière, c’est lui qui a mis le feu à la chapelle, aidé par une femme de Diémoz nommée Barille. A l’approche des brigands, monsieur de Moidière, sa femme, ses trois filles et sa belle sœur, mademoiselle de Colonne, s’enfuirent et allèrent demander de l’aide et l’asile à Vienne. Ils furent sinon sauvés, mais au moins défendu par un Diémois. Puis le groupe traversa les bois et furent cachés sous une fagotière au hameau du Mouton par la famille Badin. Dans son témoignage, le curé de Menu Famille (Bonnefamille aujourd’hui) Joseph Honorat, déclara « … dans toute cette foule, il lui fut difficile de reconnaître personne sauf le nommé Ravel, cabaretier de Diémoz, qui fit retirer le comparaissant (monsieur de Moidière) et paraissait vouloir calmer un des plus furieux…»

 

Un autre témoignage de André Perrin, laboureur de Menu Famille nous apprend que « … il avait accouru au château pour tâcher d’éviter l’incendie, que les brigands qui y étaient le menacèrent beaucoup et le nommé Pierre Charpentier de Saint Georges lui porta même un coup de hache qu’il eut peine à esquiver … Le feu fut mis au château par un nommé Boulu de Diémoz qui ensuite a été tué d’un coup de pistolet par un dragon … Il vit encore celui qu’on appelait le capitaine qui est un nommé Rozier, domestique chez Noir, maquignon à Diémoz qui mit le feu dans la chapelle du château, avec la nommée Barille qui est une femme de Diémoz. Le fils aîné de Rozier de Diémoz, et fermier de madame de Vallin aida aussi à mettre le feu… »

 


Le 29 juillet

 

A l’aube, la population de Bonnefamille revint pour tenter de sauver ce qui n’avait pas brûlé, mais les brigands revinrent comme des furieux sur eux, ce qui leur fit prendre la fuite et finirent par mettre le comble à leur fureur, restant là jusqu’au soir pour que personne ne pût empêcher l’embrasement total du château.

 

La troupe continua le 29 juillet en attaquant le château de Vaugelas, puis celui de madame d’Audiffret à Artas, puis celui de Meyrieu, déjà attaqué par ses habitants, Châtonnay et enfin, l’abbaye de Bonnevaux qui fut entièrement détruite ainsi que 600 ans de chartes, terriers, vieux parchemins, vieux manuscrits, lettres et papiers d’affaires qui partirent en fumée.

 

 

Dans la matinée du 29 juillet, c’est une bande de Saint Georges d’Espéranche qui arrivent à Diémoz. Un rapport des inspecteurs du roi venu visiter le village quelques jours après, ainsi que le témoignage de Antoine Fayan, jardinier de monsieur de Brunel,  décrivent très bien ce qu’il s’est passé. Comme le château est désert et vide depuis quelques années, la troupe se contenta de dérober quelques serrures. Puis elle se retourna contre la maison de campagne de monsieur de Brunel doyen des chanoines de Grenoble, qu’il possédait dans le village. La troupe de brigands arriva vers 9 heures du matin et menacèrent Antoine Fayan avec une telle force qu’il prit la fuite. La troupe s’en prit à la maison, la déménagea et la saccagea avec le plus grand soin, la vidant de fond en comble de l’intégralité de ses meubles, brisant ceux qui ne pouvaient être transportés. Les terriers et les papiers de famille de monsieur de Brunel furent enlevés. Les portes et croisées de fenêtres furent enfoncées ou brisées et les serrures enlevées. Les brigands achevèrent leur travail en répandant au sol de l’arsenic, ce qui fit périr beaucoup d’animaux de la basse cour, deux cochons et deux chiens.


 
 

 

Le 30 juillet

 

La troupe repartit et le 30 juillet attaqua et dévasta le château de Saint Georges d’Espéranche, à l’époque propriété du comte de Lévis. On signala à l ‘époque la présence de 4 personnes de Diémoz durant cette attaque.

 

Lorsque les dragons arrivèrent de Vienne, les paysans prirent la fuite en laissant les archives finirent de brûler.

 

Sur les registres paroissiaux, en date du 30 juillet 1789, le curé de Diémoz a noté les sépultures de Pierre Pontay âgé de 54 ans, fils de Louis Pontay et Anne Durand, et de Marguerite Boullud, 26 ans, fille de François Boullud et de Marie Carle. Les actes de décès précisent :

 

« (Pour Pierre Pontay) décédé suite à une morte subite dans le territoire de Monsieur de Brunel. Messieurs les officiers (des dragons) n’ont pas pu ou pas voulu faire la levature du corps , plusieurs personnes que je nommerais après le second enterrement ont vu le désastre qui est arrivé en ces moments et en ce lieu. »

 

« (Pour Marguerite Boullud) décédée par le même accident, en la même heure, à peu près au même territoire, les officiers n’ont pas pensé être nécessaire la levature du corps, attendu que plusieurs personnes ont été témoins du malheureux accident. Il s’agit de Joachim Faure, Jean Gauchon et Pierre Cochard. Ils étaient présents et ont vu des dragons ou cavaliers qui vinrent pour empêcher qu’on dérobât et brûlât chez Monsieur de Brunel, et ont fait feu sur les personnes qui se sauvaient en courant par la frayeur d’iceux, et ont tué deux personnes (Pierre et Marguerite) et blessé deux hommes.  ».

 

Le lendemain, on enterre Jean Boullud, charron, dit le gros, qui « étant allé à la paroisse de Saint Priest, finit subitement sa vie par les mains d’un dragon, et a été quelque temps sans être enterré (extrait des registres paroissiaux)». Est ce le même que celui qui a été reconnu pendant l’incendie de Moidière, nul ne le sait.


La répression

 

La jacquerie du Viennois dura 6 jours et les incendies de châteaux prirent fin lorsque les autorités de la province décidèrent d’intervenir militairement à l’aides régiments de dragons. A partir du 2 août, la répression commença. Les dragons, aidés par des milices bourgeois se mirent à pourchasser les paysans incendiaires. Les colonnes se mirent à parcourir le viennois avec pour mission d’y ramener l’ordre et la tranquillité, d’empêcher de nouveaux mouvements populaires et accessoirement de faire restituer l’argent et les meubles dérobés dans les châteaux au moment du pillage. La colonne qui parcouru notre région était commandée par monsieur de Frimont, maréchal des camps et armées du Roi, et inspecteur général de la division de Dauphiné. Elle commença sa chasse à la Côte Saint André le 6 août.

 

Un des épisodes de cette répression eut lieu au terroir de Moidieu à cette époque annonciatrice de liberté. Les deux frères Berger de Moidieu, célibataires âgés alors de 57 et 51 ans, n’habitaient pas le village. L’aîné, Gaspard Claude vivait avec son père tantôt dans les châteaux de Châtonnay ou de Villette d’Anthon, tantôt dans un hôtel particulier rue Chenoise à Grenoble. Le cadet, Marc Antoine Régis demeurait au château de Meyrieu chez son oncle maternel Louis de Corbet, seigneur du dit lieu. L’un et l’autre venaient régulièrement à Moidieu où leurs régisseurs, Pierre Baroux et Claude Villard, leur remettaient le produit des dîmes et fermages.

 

Le 30 juillet 1789, une troupe d’environ 60 hommes de Moidieu, de la Détourbe et de Villeneuve de Marc entreprit la dévastation du château de Malissole, mais l’arrivée de la maréchaussée de Vienne renforcée par quelques dragons mit en fuite les émeutiers et les empêcha ainsi d’incendier les bâtiments. Les dégâts furent donc réduits à quelques portes, croisées et vitres cassées, quelques boiseries dégradées et des ferrures enlevées. Les meubles qui n’avaient pas été mis en lieu sûr par les gardiens furent dérobés, mais une perquisition  générale effectuée par la milice bourgeoise de Vienne permit de récupérer une grosse partie du mobilier et du linge disparus.

 

Cinq hommes, Antoine Remendon et Jean Rostaing, de Moidieu, Christophe Mercier      de Beauvoir de Marc, François Bouliat et Laurent Poizat, de Villeneuve de Marc furent pris et conduits à la prison de Vienne, où le comité permanent, sous la pression de la foule, les fit relâcher.

 

 Jean-Baptiste Nugues, d’Artas (qui avait incendié le château de Moidière), et Ennemond Curt, de Saint Agnin, n’eurent  pas cette chance et le 7 août furent condamnés à mort. Voici la copie du jugement qui condamnait deux pauvres bougres à être horriblement exécutés :

 

« De par le roi.    

 

Nous Jacques Duclaux de la Rochette, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, lieutenant-colonel de cavalerie et prévôt général de la maréchaussée du Dauphiné.    

 

Savoir faisons qu’un procès a été mû et intenté entre le procureur du roi en la dite maréchaussée de Vienne, demandeur accusateur d’une part ; Jean-Baptiste Nugues et Ennemond Curt accusés détenus, défendeurs d’autre part.

 

Nous, jugeant prévôtalement et en dernier ressort sur les procédures criminelles à nous rapportées au greffe et par ce qu’il résulte d’icelles, avons déclaré les dits Nugues et Curt dûment convaincus d’avoir participé au pillage et incendie des châteaux de Vaux (Vaulx Milieu) et de Moidière (Bonnefamille) ; au pillage et saccagement des châteaux d’Artas et de Montfort et de celui de M. Berger de Moidieu fils, procureur général au parlement de cette province du Dauphiné , de la  maison religieuse de Bonnevaux ; des maisons de M. Anglès, conseiller au même parlement, situées à  Hauterive sur Meyssiés et de celle de M. de Miribel à Châtonnay.    

 

Pour réparation de quoi, avons condamné les dits Jean-Baptiste Nugues et Ennemond Curt à être pendus et étranglés jusqu’à ce que mort naturelle s’en suive par l’exécuteur de la haute justice ; savoir : le dit Curt à une potence qui sera dressée à cet effet au lieu de la Détourbe, et le dit Nugues à une autre potence qui sera pareillement dressée à cet effet sur la grande route de la Verpillière à Bourgoin, le plus près du château de Vaux que faire se pourra, et leurs corps morts y demeureront suspendus, et les avons en outre condamnés à l’amende de 10 livres envers le roi et aux dépens et frais des procédures.    

 

Donné au palais royal et delphinal de Vienne le 7 août 1789. Le chevalier de Saint-Romain, juge ; Alméras-Latour et Piot, conseillers ; Bouthier, Ginet et Teste, assesseurs. »

 
 


Le lendemain de ce jugement, 8 août, un sinistre convoi composé de 30 dragons, 30 canonniers, 12 hommes de la milice bourgeoise de Vienne, accompagné d’un capucin venu apporter les secours de la religion aux deux malheureux condamnés, quitta Vienne, et après deux heures de marche sous une chaleur torride s’arrêta à Estrablin, où lecture du jugement prévôtal leur fut faite.

Arrivé à la Détourbe, Curt est pendu à un arbre en bordure du chemin menant à Beauvoir de Marc, face au château de Malissole. Après cette affreuse exécution le triste équipage reprit sa marche par Savas, Beauvoir de Marc, Charantonnay, Artas, pays natal de Nugues, et arrive enfin à Vaux où ce dernier est tué de la même manière.

 
Les autres moments forts de la révolution

La reconnaissance du clergé

 

Une autre grande époque de la révolution fut la reconnaissance par le clergé de la révolution. On ne trouve pas de trace d’un certificat de civisme pour le curé de Diémoz. Mais celui du curé de Moidieu, le 27 février 1794 montre bien le contexte des paroisses de la région.

« Liberté, Egalité.    

Nous maire, officiers municipaux et notables formant le conseil général de la commune de Moidieu, certifions que le citoyen Louis Praye, curé de la paroisse de Moidieu, ne s’est point absenté depuis l’époque de la Révolution, qu’il a constamment prêché et montré la soumission aux lois de l’Etat, qu’il a prêté dans le temps tous les serments prescrits par elles, que dans toutes les circonstances, il a donné des preuves de civisme et de patriotisme le plus pur, et qu’il n’est pas parvenu à notre connaissance qu’il ait jamais rien enseigné ni prêché contre la Révolution, ni tenu aucun propos capable de troubler l’ordre public, mais au contraire il a, autant par ses paroles que par ses actions contribué au maintien de la paix et de la tranquillité dans la commune et donné dans toutes les occasions à ses concitoyens l’exemple de son obéissance aux lois de la République, comme aussi nous attestons que le dit citoyen Louis Praye a été toujours l’un des premiers à faire des dons patriotiques pour le soulagement des braves défenseurs de la Patrie.

En foi de quoi nous avons signé le présent pour lui servir et valoir ce que de raison.

Fait à Moidieu en maison commune le 27 février 1794 de la république française une et indivisible.

Baroux, maire »

(AD, Isère, L 228)


Les assemblées primaires cantonales

La constitution, votée par la convention le 5 fructidor de l’an III (22 août 1797), dote la France d’un nouveau gouvernement, le directoire que Napoléon Bonaparte renversera le 18 brumaire de l’an VIII (9 novembre 1799).

Cette constitution de l’an III, inspirée par les conventionnels Danou et Boissy d’Anglas et approuvée par référendum en septembre 1795, établit, en matière électorale, le suffrage censitaire à deux degrés, écartant des urnes un million de Français, les pauvres, les illettrés, les domestiques. Environ 6 millions de citoyens actifs, âgés de 21 ans, et payant une contribution directe, élisent les membres des assemblées électorales départementales , soit environ 30.000 électeurs, âgés eux de 25 ans et possédant un revenu égal à au moins 150 journées de travail. Ceux-ci, à leur tour, élisent le Corps Législatif composé de deux chambres, le Conseil des Cinq Cents (500 membres) et le Conseil des Anciens (250 membres). Ces conseils désignent enfin le directoire exécutif de la République formé de 5 directeurs.

L’article XIX de la Constitution précise qu’il y aura au moins une assemblée primaire par canton. Lorsqu’il y en a plusieurs, chacune est composée de 450 citoyens au moins et 900 au plus ; ces nombres s’entendent des citoyens présents ou absents ayant droit d’y voter. Une loi du 25 fructidor de l’an III (11 septembre 1795) complète cet article en créant la notion d’arrondissement dans les cantons ayant plusieurs assemblées primaires. C’est une loi du 16 vendémiaire de l’an IV (11 octobre 1795) qui crée effectivement les assemblées primaires sous l’autorité de l’Administration départementale. Chaque assemblée doit avoir un nom qu’elle ne peut pas changer et doit disposer d’un local pour se réunir.

Par arrêté du 5 brumaire de l’an V (26 octobre 1796), l’Administration de l’Isère prescrit que les églises des chefs lieux de cantons seront affectées à la tenue des assemblées primaires et c’est le 15 ventôse de l’an V (5 mars 1797) que l’Administration distribue les assemblées primaires et leur affecte des noms.

Diémoz dépendait du canton d’Heyrieux, avec Chandieu, Chaleyssin et Valencin. L’assemblée primaire comptait 665 citoyens répartis sur les 5 communes. Elle se nommait Nivolas et disposait de 3 électeurs.

 
Diémoz sous la révolution

La carte de Cassini

 

La Carte de France dite « Carte de Cassini » doit son nom à une lignée d’astronomes et de géographes d’origine italienne qui s’installent en France dans le dernier tiers du XVIIe siècle. Lancée sous les auspices de l’Académie des Sciences en 1747, elle résulte du travail opiniâtre d’une succession de savants et d’ingénieurs qui, pendant un siècle et demi, vont s’employer à mettre au point de nouvelles méthodes de relevés tel que le demande un pays aussi vaste que la France.

« Mesurer les distances par triangulation et assurer ainsi le positionnement exact des lieux », « mesurer le Royaume, c’est-à-dire déterminer le nombre innombrable de bourgs, villes et villages semés dans toute son étendue », « représenter ce qui est immuable dans le paysage », tels sont les objectifs posés par César François Cassini de Thury, le troisième de la lignée. Deux siècles plus tard, la comparaison avec la « Carte de France » actuelle apporte la preuve de la réussite de son entreprise.

 

Le 17ème siècle et surtout le 18ème siècle voient, dans le Royaume de France, se multiplier les cartes. Les besoins sont manifestes, tant pour gérer plus efficacement les territoires, répartir les impôts, rectifier le tracé d’anciennes routes ou en créer de nouvelles que pour des nécessités de stratégie militaire. L’émulation provoquée par les travaux de l’Académie joue sans doute un rôle déterminant dans l’accroissement des opérations de cartographie. États provinciaux, intendants, évêques entretiennent avec les équipes des Cassini une collaboration qui n’est pas dénuée de concurrence, mais cette rivalité s’exprime particulièrement avec les Ingénieurs du génie militaire devenus, avec la création en 1688 du Dépôt de la Guerre, Ingénieurs géographes.

Seule jusqu’alors, la cartographie militaire avait bénéficié de l’intérêt de la Monarchie et il faudra longtemps pour que la topographie en France cesse d’être considérée comme un art essentiellement militaire. De ce point de vue, la Carte des Cassini constitue, dans l’histoire de l’élaboration d’une carte générale de la France, l’unique parenthèse civile jusqu’à la « Carte de France » actuelle. C’est la première carte de base, source et fondement de toute opération à l’échelle nationale. Le plus grand nombre des cartes réalisées à cette époque est l’œuvre des militaires et concerne particulièrement les frontières du Royaume et les théâtres d’opérations militaires. Les cartes répondent à un besoin stratégique et leurs informations ne doivent pas tomber dans toutes les mains, ce qui explique l’opposition des Ingénieurs géographes à la Carte de l’Académie. Malgré leurs qualités, la plupart de ces cartes resteront manuscrites pour respecter le secret militaire, mais surtout aucune n’aura l’ambition de couvrir la totalité du Royaume.

Enfin une vaste campagne de réfection des plans terriers est lancée : les arpenteurs, sous la conduite des propriétaires ou des gérants, offrent une connaissance plus précise du patrimoine foncier pour engager des actions dont l’objectif est d’améliorer la rentabilité de ces biens. À cette curiosité s’ajoute celle du pouvoir royal qui souhaite augmenter le rendement de l’impôt sur la base des informations données par les cadastres, textes et cartes, dont le modèle est donné par les « mappes sardes » de 1738-1748.

 

 

Diémoz et la carte de Cassini

 

Que vient faire cette carte dans ces notes de recherche de Diémoz, me direz-vous ? Et bien, comme il l’est précisé ci-dessus, c’est la première carte civile de la France et c’est la première carte à nous montrer notre village comme il pouvait l’être à la veille de la révolution française.

L’étude de cette carte est très riche d’enseignement sur l’histoire de notre village à cette époque. La première chose que l’on peut voir en analysant cette carte, est que le réseau routier actuel et la Route Nationale 518 n’existaient pas à cette époque.

 

Pour venir d’Heyrieux, il existait deux routes. La première escaladait la colline au sud d’Heyrieux et reprenant l’ancienne route des Babouillères pour arriver au carrefour de Lafayette, la route actuelle qui part du carrefour de l’Alouette pour rejoindre directement la carrefour de Lafayette, n’existait pas.

 

La seconde prenait le tracé de la route actuelle quasiment jusqu’au carrefour de l’Alouette puis prenait la route actuelle qui rejoint Triévoz Gillet. La nationale qui traverse la plaine n’existait pas.

 

Enfin, la route nationale qui rejoint Saint Georges d’Espéranche et Saint Jean de Bournay, n’existait pas non plus, la route qui rejoignait Saint Georges était celle qui relie actuellement le carrefour de Lafayette à Saint Georges et pour rejoindre Saint Jean par la route, il fallait descendre au-delà de Septème pour rejoindre Moidieu et remonter la vallée.

 

 

Il est aussi intéressant de regarder les noms dans la plaine de Diémoz. On voit par exemple, les derniers restes de la forêt de Chanoz (Forêt de Chanot). Parmi les lieux-dits cités sur la carte, il y a Les loups, le domaine de la Pota, Blétenay et enfin Saint Pierre de Lépieu.

 
L’orthographe n’était pas la même qu’aujourd’hui. Saint Quentin Fallavier s’écrivait alors QUANTIN et le carrefour de l’Alouette qui n’en était pas encore un, s’appelait Chantalouette.




























Les ingénieurs de Cassini au travail


A suivre : l'après Révolution ...

Publié dans Histoire Locale

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N
La relation des actes commis par les paysans dauphinois au début de la révolution et bien sur le fait de gens proches de la noblesse ,il tendraient a faire croire que les paysans du crû etaient des brigands alors que les seuls brigands qu'il y ait jamais eu en Dauphiné ce sont les nobles et ceux qui les servaient ...<br /> Il semble que tous les chemins carrossables ne figurent pas sur la carte de Cassini car l'ancienne route de Lyon à Grenoble passant à Ponas et se dirigeant sur Artas et Meyrieu et qui existe encore aujourd'hui (route et chemin)etait certainement praticable .<br /> Il me semble avoir vu aux AD une carte plus ancienne ou figure Dième
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