Une maison forte à Diémoz

Publié le par Sophie BOUDAREL

Au sommaire de ce cinquième épisode, après avoir découvert Diémoz aux 12ème et 13ème siècles, entrons dans le 14ème siècle à la découverte d'une maison forte.
Une maison forte à diémoz

L’époque des châteaux forts

Il est fait pour la première fois référence d’une maison forte à Diémoz en 1309. A l’époque, la France était gouvernée par Philippe le Bel, depuis 1285 et jusqu’en 1314. En 1307, il fit arrêter les Templiers qui furent juger et virent leurs biens confisqués. Diémoz ne fut pas concerné par cette page de l’histoire de notre pays, mais dans les environs proches, le village de Vaulx Milieu.

Philippe le Bel

Ordre religieux officiellement créé au début du 12ème siècle, lors de la première croisade au temple de Salomon à Jérusalem, la « milice du temple » avait pour mission, entre autres, de protéger les routes empruntées par les chrétiens pour rejoindre la terre Sainte. Peu à peu l’ordre s’enrichit, acquit domaines et forteresses, servit de banque à ceux qu’il défendait. Tout naturellement, lorsque les croisades prirent fin, les représentants de cette armée européenne avant l’heure retrouvèrent leur terre natale et s’intéressèrent aux régions stratégiques, notamment le territoire qui devait plus tard devenir celui de la Ville Nouvelle de l’Isle d’Abeau. Alors, ils se transformèrent, qui en commerçant incontournable pour les échanges avec l’orient, qui en propriétaire terrien, qui en inventeur alchimiste. Mais, à partir de 1307, leur succès, associé à une certaine ouverture d’esprit et à leur développement comme un état dans l’état, leur valut d’être systématiquement persécutés par les armées de Philippe le Bel. Sur les cinq communes de la Ville Nouvelle, à proximité de la voie de communication gallo-romaine et de Lyon, capitale de l’ordre, les templiers établirent une commanderie, le Temple de VAULX entre Bourgoin, Vaulx Milieu et Four, et utilisèrent les autres édifices existants comme relais d’information. Le domaine leur avait été donné au 12ème siècle par Garin de Vaulx. Le bâtiment central date de 1050. A partir de ce poste central, qui aurait par la suite évolué en laboratoire de recherche alchimique, les templiers ont pendant de nombreuses années assuré la sécurité des pèlerins, notamment ceux en route pour Saint Jacques de Compostelle ou Turin. Il reste en plus des bâtiments, le « cartulaire de Vaulx » qui donne de nombreux renseignements sur la vie de ces templiers et plus généralement sur toute la région à cette époque.

Concrètement, avec le château de Fallavier, dominant les villages de Saint Quentin Fallavier, la Verpillière et Villefontaine, ou encore la chapelle Saint Germain à l’Isle d’Abeau, construite sur les lieux d’un sanctuaire païen du 2ème siècle et située de l’autre côté du marais, ils communiquaient par signaux et par feux. De ces postes clé d’un autre temps, il reste aujourd’hui d’intéressants vestiges.

En 1168, Guillaume d’Artas inquiétait les frères du Temple de Vaulx au sujet de leur terre de Charantonnay. Il leur abandonna ses droits moyennant un cens annuel de 15 sols. L’accord fut signé dans la cour du château de Beauvoir de Marc en présence de la châtelaine Marie et de Benoît, curé du dit lieu. (Regeste Dauphinois n° 4373).

 

Château ou maison forte

Il est question pour la première fois dans un texte historique datant de 1309, d’une Maison Forte ou Donjon qui relevait du mandement de Saint Georges d’Espéranche. La seigneurie de Saint Georges dépendait elle-même des Comtes de Savoie.

A cette époque, Diémoz n’était qu’un hameau et ne comptait qu’une vingtaine de feux. Il y est question de Girard de Diémoz qui reconnaît tenir en fief du Comte de Savoie, en qualité de seigneur de Saint Georges d’Espéranche « la Maison ou Donjon de Diémoz avec les fossés et les forts en dépendant ». Ce Girard de Diémoz était aussi seigneur de Jonnage.

Un nommé Jocelin de Groslée fait une rente à Girard de Dième le 22 mars 1312.

Seigneurs du moyen âge

Ce ne devait être alors qu’un simple Donjon puisqu’en 1321, Edouard de Savoie et seigneur de Saint Georges d’Espéranche, concède à noble Girard de Diémoz, toute justice sur la totalité de l’étendue de la paroisse.

En 1326, le même Edouard de Savoie concède toute la juridiction sur la paroisse de Diémoz en lui fixant comme limite le mandement de Fallavier et le grand chemin public qui est au bout de la forêt de Chanoz.

Le vieux Donjon de Diémoz appartenait donc primitivement à une famille de seigneurs indigènes qui avait pris le surnom de cette terre. On trouve mention de cette famille dans les actes d’archives dès la fin du 17ème siècle avec Gui de Dicomo et, au 18ème siècle avec Milan de Diémoz et sa fille Huguette.

Le château de Diémoz ne devait être initialement d’un donjon en pierre entouré d’un rempart en bois avec une butte de terre. Comme il n’existe aucune description précise de l’édifice, il est possible de supposer qu’il devait ressembler au dessin suivant.

Exemple de château primitif

 

 

En fait, d’après le docteur Joseph Saunier, il y eut plusieurs châteaux ou maisons fortes sur la commune de Diémoz. Si le château féodal a réellement été une maison forte et un donjon, les deux autres ne devaient être que des maisons bourgeoises fortifiées.

De ces « châteaux » de Diémoz, il ne reste que les fondations du château féodal. On a décelé les murs de fondation en creusant les nouvelles caves du préventorium de Diémoz qui occupe l’emplacement de la terrasse de l’ancienne Maison Forte du Moyen Age de Dième. Jamais remis des affres de la révolution Française, les restent furent détruits au siècle dernier. Il n’existe hélas, aucune iconographie du château.

Les autres demeures ont toutes disparues aujourd’hui, démolies par les seigneurs de Diémoz pour en récupérer les pierres. La première était la maison forte du Pétrier. Un terrier de 1485 précise qu’il existait au moyen âge, « la maison forte du Pétrier avec le bourg, contours et appartenances », mais à cette époque déjà, on ne pouvait plus reconnaître les traces d’une maison, le seigneur de Diémoz l’ayant fait détruire. On suppose qu’il s’agit de Catherin d’Oncieu, mais il n’existe pas d’écrit validant cette hypothèse.

La seconde demeure était le château des Mures, qui était le château des Bourellon de Saint Bonnet de Mure. Il n’est plus qu’un tas de pierre ensevelie sous le lierre. Sur l’autre versant de la grande Combe, sur le faîte de la colline séparant la vallée du Pétrier et celle de la Péranche, se dressait le fortin du Fayet «de Fago », dénommé dans le pays les châteaux des Mures ou château des Fées. Dans le même terrier de 1485, les habitants déclarent qu’il subit le même sort que celui du Pétrier. On devine encore l’emplacement de ses fossés.

Cette vallée du Pétrier fut sans doute de tout temps propice aux brigandages. Comme la voie romaine passait à travers cette vallée, il est possible de supposer que ces maisons fortes étaient des fortifications routières pour protéger les voyageurs.

La troisième demeure fut une maison forte nommée le petit château qui était à quelque distance du château féodal, au lieu dit «le petit château ». On y voyait encore, au début du 20ème siècle, des arcades, des fenêtres et même de grandes cheminées et quelques peintures sur les murs.

Enfin, il y avait anciennement près de la chapelle de Lestras, un castellum. Guy Allard, dans son dictionnaire du Dauphiné, fait mention de cette maison de Lestras, mais ne sait pas où la situer. Ce fief féodal était primitivement l’apanage d’une branche chevaleresque de Diémoz, peut-être celle de Duesmo, évoquée en début de fascicule. En 1355, Pierre de Malval  rendit hommage « de la maison forte de Lestras avec les fossés, les alentours et dépendances ». Elle appartint ensuite aux Pascal. Mais au cours du 15ème siècle, ce castellum subit le même sort que tous les fortins de Diémoz et fut ruiné de fond en comble par les seigneurs du lieu (Fonds dauphinois R 8364).

D’après M.A. Grenier, dans son ouvrage sur les routes romaines de France, la maison forte de Lestras fait suite à celles de Pont Evêque, du Palais, de Saint Oblas et du Pétrier. Elle jalonnait l’ancienne voie romaine. D’après un ancien parcellaire des archives communales de Diémoz à l’article 25, en 1640, Guy de Pascal possède au nord du sanctuaire une terre de deux bicherées (sans doute l’emplacement du castellum détruit) qui jouxte le vieux chemin de Bourgoin à Vienne.

Tableau des premiers seigneurs de Diémoz

 

1159

Galamus de Dueismo

1167

Durannus de Dueysmo

1168

Bernardi de Dueysmo

1169

Bérard de Diémoz

1180

Gautier de Lai

1198

Guillaume Picx de Duesmo

1255

Dronet de Beauvoir

1257

Milan de Diémoz

1309

Girard de Diémoz



Publié dans Histoire Locale

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